Il naît de la terre, du roc ; selon la minéralogie indienne, il se distingue du diamant par son degré de maturité embryologique : le cristal n'est qu'un diamant insuffisamment mûr.
Sa transparence est un des plus beaux exemples d'union des contraires : le cristal, bien qu'il soit matériel, permet de voir à travers lui, comme s'il n'était pas matériel. Il représente le plan intermédiaire entre le visible et l'invisible. Il est le symbole de la divination, de la sagesse et des pouvoirs mystérieux accordés à l'homme. Ce sont des palais de cristal que les héros de l'Orient ou de l'Occident rencontrent au sortir des sombres forêts dans leur quête d'un talisman royal. Une même croyance unit le quartz tjuringa des initiés australiens au Saint-Graal de la chevalerie occidentale taillé dans l'émeraude mystique.
Il n'est pas téméraire de rapprocher de ce point de vue celui du chamanisme océano-australien, voire nord-américain, qui fait du cristal de roche des pierres de lumière, détachées du Trône céleste, et des instruments de la clairvoyance du chaman. A Bornéo, le chaman Dayak utilise, pour découvrir l'âme du malade, différents objets magiques, dont les plus importants sont des cristaux de quartz : bata ilau (ou pierre de lumière).
A Donu (Mélanésie), le guérisseur perçoit dans le cristal la personne qui a provoqué la maladie, qu'elle soit vivante ou trépassée. En Australie, les cristaux de roche, qui jouent un rôle important dans initiation de l'homme-médecine, sont d'origine céleste... Ils sont fréquemment considérés comme des fragments détachés du trône de l'Être suprême céleste. Même croyance chez les Negritos de Malacca. Chez les Semang et les Dayak, les chamans ont des pierres-lumière, qui reflètent tout ce qi arrive à l'âme du malade et, partant, où elle se trouve égarée. Chez les Negritos, le guérisseur voit aussi la maladie dans les cristaux. Ces cristaux sont censés habités par des esprits qui montrent la maladie.
En étroite relation avec le serpent arc-en-ciel, ils octroient la faculté de s'élever au ciel. même symbolisme chez les Indiens d'Amérique. Le cristal est ainsi considéré comme une substance sacrée d'origine ouranienne, comportant des pouvoirs de clairvoyance, de sagesse, de divination et la capacité de voler. Les hommes-médecine d'Australie et d'ailleurs rattachent d'une manière obscure leurs pouvoirs à la présence, à l'intérieur même de leur corps, de ces cristaux.
Les pierres transparentes ou translucides telles que le cristal de roche, ou quartz, l'obsidienne, la diorite du sud, sont employées traditionnellement chez les Indiens de la Prairie comme talismans et producteurs de vision : ils facilitent la transe, laquelle permet la perception de l'invisible. Chez les Navaho c'est le cristal de roche qui, le premier, élève le soleil, illuminateur du monde. Chez les Maya, des prêtres lisaient l'avenir dans des fragments de cristal de roche immergés dans une coupe d'hydromel, pour qu'il éveille à la conscience.
Dans la chrétienté, la lumière pénétrant le cristal est une image traditionnelle de l'Immaculée Conception : Marie est un cristal, son fils, la lumière céleste ; ainsi la traverse-t-il toute sans pourtant la briser.
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